Un renouveau [suite des échos de la guerre 4 côté Sejior]

**Sejior** Mar 26 Oct 2010 - 1:08

Le lunaire disparut dans une fumée bleuâtre ... Sejior se laissa un instant baigné par l'énergie que lui procurait l'astre de la lune. Un fourmillement de picotements parcourait son corps, et lorsqu'il rouvrit ses yeux clos, ceux-ci laissèrent échapper une intense lumière couleur de la nuit. Malgré son regard aveuglant, la scène paraissait étrangement sombre. L'étrange puissance au coeur de la pierre de séléane était sombre comme la nuit, et semblait appeler à elle des trompes tout aussi noires qui sortaient du sol, imprégnées d'un mal tellement effroyable qu'aucun homme, elfe, nain ou orc, même dénué de raison n'aurait pu commettre. Non, ce mal là provenait de quelque chose de bien plus affreux, de bien plus ancestral, de bien plus profond. Les démons de l'Ancien Temps n'avaient pas complètement disparus, comme le prétendaient les grands prêtres. Certaines légendes racontent qu'ils ont été emprisonnés sous la surface de la Terre. Les démons hantent le coeur de Tanahe, et la pierre de séléane capte leur douleur. Emerveillé devant ce formidable pouvoir, Sejior contempla avec fascination le présent offert par la Bienfaisante Séléane. C'était un pouvoir dangereux, mais, curieusement, il ne semblait pas s'en soucier. Il tendit un doigt vers le bijou ornementant son arme, et lorsque celui-ci effleura la pierre, un flot d'images s'étala devant ses yeux. Il entendit tout d'abord un cri. Un cri à faire glacer le sang d'un vampire. La voix grave, rauque et puissante hurlait son agonie. Puis, il aperçut une gigantesque silhouette, une immense masse musculaire se cambrer, et hurler encore une fois. Sejior savait que ceci n'était qu'une vision, pourtant quand la tête du démon pivota vers lui, il ne put s'empêcher de penser que ses deux yeux rouges l'avaient vu. Puis, la vision s'était arrêtée. Le mage s'était retrouvé à plat ventre sur l'herbe humide de la nuit. L'elfe solaire était parti, et la pierre de séléane sur son bâton, posé à côté de lui, semblait redevenue parfaitement normale. Le mage ne put réprimer un soupir de soulagement. Que lui avait-il pris à tripoter ainsi un pareil objet de destruction qu'il ne connaissait toujours pas parfaitement ? Il se releva, s'aidant de son appui, et reprit tranquillement la marche vers les Thurlegs du Nord, dans la nuit, baigné par l'énergie de la lune qui lui semblait de moins en moins familière, même après neuf cent ans à l'étudier.

En marchant, il réfléchit quant à son échec diplomatique avec les Karzerkurs. Il lui fallait se présenter de manière ferme devant ses interlocuteurs, sans toutefois que ceux-ci ne se sentent agressés. Tout un art, que Sejior ne possédait pas. Après un millénaire de vie en ermite, il est difficile de se refamiliariser avec les codes de la nouvelle société. Le mage, ne souhaitant nullement emprunter la route d'Arktura, choisit de contourner le lac d'Al'Eïr par le nord. Ceci fait, quelques jours plus tard, il bifurqua vers l'Est, vers le Nord des Thurlegs. Il marcha longuement dans les montagnes, enjambant vallées, glaciers et cols neigeux. Quand enfin, il distingua de la fumée au loin, signe de l'activité naine, il sut qu'il avait trouvé le fameux repaire des Exkalurs. Cette fois-ci, il ne laissa rien au hasard. Il invoqua une robe de soie blanche ornementée de bleu clair, ajusta son capuchon dans son dos, prit une démarche assurée, et pour couronner le tout, ordonna à la pierre de séléane de briller quelque peu, pour assurer aux révolutionnaires qu'il était, s'il le fallait, prêt à se battre pour la vie.

Lorsqu'il atteignit les portes de bois du refuge, ses longs cheveux noirs coulaient comme de l'eau sur ses épaules. Son regard bleu nuit se posa sur un nain trapu lorsque celui-ci lui demanda d'une voix forte et peu accueillante son nom. Sejior lui répondit calmement, le regard glacé toujours fixé sur lui :

- Sejior de séléane, c'est ainsi que l'on me nomme. Je suis venu jusqu'ici pour répondre de votre appel à Séléane. Laissez-moi m'entretenir avec votre dirigeant.

Le garde fit ouvrir les portes avec moue, puis l'invita grossièrement à le suivre. En traversant le village, Sejior reconnut un des messagers qui avait prévenu la ville de Séléane du danger des autres peuples. Il lui rendit son salut d'un gracieux signe de tête, puis parvint à la grange de bois qui servait de salle du trône. Tout se jouait ici. Lorsque la porte s'ouvrit, Sejior s'avança d'un pas assuré, décidé à convaincre les Exkalurs de sa bonne foi.

**Maître du Jeu** Mar 26 Oct 2010 - 18:33

Le trajet à travers la forteresse de bois dura près de dix minutes et fut presque rectiligne. Une armature solide en larges poutres soutenait d'épais murs d'un bois dense et sombre. Le plafond, bas et imposant, était à l'image des nains, et semblait prêt à survivre à toutes les pires tempêtes que les Thurlegs puissent déchainer. L'estafette acquiesça en arrivant devant une lourde double porte assez large pour faire passer un char à boeufs. Il s'arque-bouta contre la porte, laissa échapper un petit grognement, et ouvrit l'un des battants.

-Seigneur Krol'Zun, un longue-oreilles désire vous parler ! déclara le nain en langue naine, puis il repartit sans adresser un regard à l'elfe.

-Entrez ami, déclara un nain avec un fort accent.

Il s'avança vers l'elfe, arborant avec fierté une barbe de près d'un mètre de long et presque autant de large d'un roux flamboyant.

-Excusez la rudesse de mes nains, mais vous devriez savoir quels sentiments perdurent depuis des millénaires. Il est peut être temps que cela change ! Vous savez comme nous que la situation politique des nains et des humains est complexe et difficile... il s'interrompit brusquement.

-Oh ! Mais vous devez avoir soif et faim ! Allons manger ! Je vous martèlerais le cerveau avec mes histoires sans intérêt plus tard !

**Sejior** Ven 29 Oct 2010 - 15:59

Sejior refusa poliment l'offre du maître des lieux :

- Le temps me presse, sire Krol'Zun, et déjeuner avec vous irait à l'encontre de mes plans. Prenons plutôt un verre et allons discuter loin des oreilles indiscrètes, si vous le souhaitez.

- Ma foi, comme vous voulez ... Sejior de Séléane c'est bien ça ?

- C'est cela même, sire.

Le seigneur des Exkalurs l'emmena dans ses appartements privés. C'était une petite bâtisse de bois à l'écart de la salle de réception. Le mobilier n'était pas aussi luxueux que chez le roi Knurl le fou, mais Krol'Zun possédait tout de même quelques sculptures sur ses meubles et un lit en baldaquin. Une fois dans son bureau, le seigneur ordonna qu'on ne les y dérange pour rien au monde. Les murs vides de la pièces semblaient l'assombrir encore plus, et au centre prônait un bureau de pin massif, agrémenté de ses deux chaises imposantes, et à l'aspect plutôt inconfortable. Le roi exilé remplit deux coupes d'hydromel et invita Sejior à s'assoir. Le visage du visiteur semblait s'être aggravé. Le roi l'invita donc à parler, non sans une certaine appréhension.

Nul ne sait ce qu'il fut raconté dans cette pièce. Sejior sortit le premier, quelques heures plus tard, suivi par le maître des exilés. Celui-ci semblait bouleversé, et essayait de s'en cacher, et Sejior avait gardé son air grave et fier. S'apercevant que la nuit était tombée et qu'il avait perdu bien assez de temps, il s'empressa d'enfiler sa tunique blanche accrochée au mur.

- Vous êtes bien sûr de repartir maintenant ? Nous avons des chambres prêtes pour les voyageurs, vous savez.

Le roi parlait d'une voix inquiète. Sejior répondit en essayant de rassurer le souverain :

- Ne vous inquiétez pas, majesté, mais je n'ai que trop perdu de temps ces derniers jours, et il me faut le rattraper au plus vite. Adieu, et merci pour vôtre hospitalité ! Cria-t-il presque lorsqu'il ouvrit la porte de la bâtisse que que le blizzard s'engouffra dans la pièce.

Puis, il réajusta son capuchon sur sa tête pour se protéger de la tempête de neige, et quitta le repaire des exilés d'un pas assuré, éclairé par la lueur bleue de la lune.

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